Em associação com Casa Pyndahýba Editora
Ano I Número 6 - Junho 2009 Tradução - Eduardo Miranda
Aimé Césaire - Cadernos de um Retorno ao País Natal (fragmentos)
Aimé Césaire (26-06-1913 / 17-04-2008) - Poeta, dramaturgo e político da Martinica, estudou em Paris, onde descobriu a comunidade negra e redescobriu a África. Encarou a Negritude como o fato de ser negro, a aceitação deste fato, a valorização da história, da cultura e o destino da população negra. Aimé Césaire cunhou o termo Negritude à partir da palavra francesa Nègre, equivalente a Black ou Negro em francês, mas "Nigger" na Martinica. Césaire deliberadamente – e orgulhosamente – incorporou esta palavra depreciativa em nome do seu movimento ideológico.
Partir.
Tal como há homens-hienas e homens-
panteras, eu seria um homem-judeu
um homem-tição
Um homem-hindu-de-Calcutá
Um homem-do-Harlem-que-não-pode-votar
O homem-fome, o homem-insulto, o homem-tortura
que poderia a qualquer momento, bater-lhe tanto
A ponto de matá-lo – simplesmente – sem
responsabilidades, sem ter que dar satisfações a ninguém
homem-judeu
homem-massacre
um fedelho
um pau-mandado
mas o que é que nos mata de remorso, belo como a cara
de espanto de uma dama inglesa que encontra
um crânio hotentote em sua janta?
(...)
Partir. Meu coração farfalhando de generosidades pomposas. Partir... Chegarei macio e jovial neste meu país e direi a esse país, cujos sedimentos penetram minha carne: "Tenho vagabundeado muito mas volto agora para tuas feridas desoladas."
Virei para este meu país e lhe direi: Toma-me sem medo ... E se eu não souber o que falar é por ti que falarei."
Eu te diria uma vez mais:
"Minha boca será a boca dos desafortunados que não têm boca, e minha voz a liberdade daqueles que se afundam em calabouços do desespero."
E acabaria dizendo a mim mesmo:
"Poupe-me, sobretudo o meu corpo, assim como minha alma, dessa sua postura estéril de espectador, de braços cruzados, porque a vida não é um show, a dor alheia não é um palco, e um homem que chora não é um grande mamífero a dançar..."
Aimé Césaire - Cahier d'un retour au pays natal (fragment)
(...)
Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
(...)
Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : "J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies".
Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai".
Et je lui dirais encore:
"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."
Et venant je me dirais à moi-même:
"Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..."
(...)
Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
(...)
Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : "J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies".
Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai".
Et je lui dirais encore:
"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."
Et venant je me dirais à moi-même:
"Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..."
No comments:
Post a Comment